Zone de Texte:             	 BULLETIN N° 94								Juin 2010
Zone de Texte: LE BULLETIN DE VILLES UNIVERS
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Zone de Texte: Français, étrangers, ne restons pas étrangers les uns aux autres

COMMENT VIVRE ENSEMBLE ?

 

        Villes Univers est une association libre de toute dépendance politique ou religieuse. Mais la religion est un des éléments de l’identité de beaucoup des étrangers que nous accueillons, en particulier la religion musulmane pour ceux qui viennent du Maghreb. Nous ne pouvions donc pas laisser sans réponse l’invitation qui nous avait été faite de participer à la rencontre « Religions dans la ville et laïcité » organisée le samedi 10 avril dernier dans la toute nouvelle mosquée de Gennevilliers, d’autant moins que Saâd Abssi, membre de Villes Univers depuis l’origine et Vice-président jusqu’à une période récente, faisait partie des organisateurs. Le sous-titre donné à cette rencontre : « Comment vivre ensemble? », est bien l’écho de notre devise : «  Français et Étrangers ne restons pas étrangers les uns aux autres ».

C’est ainsi que plusieurs d’entre nous se sont retrouvés à la mosquée Ennour (Ennour signifie en arabe : la lumière) pour trois heures de conférence-débat. À la tribune : Christian Delorme, connu pour avoir lancé la « Marche pour l’égalité » en 1995, Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux, Joël Chérief, curé de la paroisse, Mohammed Benali, responsable de la mosquée, Patrice Leclerc, élu de Gennevilliers. Dans la salle : plus de 500 personnes, dont Michel Jondot et les animateurs de l’association « Mes-tissages » (www.lamaisonislamochretienne.com), ceux de l’Association Libre d’Études Théologiques (ALETHE), et ceux de La Fontaine aux Religions implantée dans le 11ème arrondissement de Paris. Ces trois associations étaient, avec le concours du CCFD, co-organisatrices de la rencontre.

Surprise pour certains d’entre nous de découvrir cette salle, réservée plusieurs fois par jour à la prière, occupée ce jour-là par des rangées de chaises :  on ne voyait même plus le mirab, caché par la tribune. Nous avons retiré nos chaussures, des femmes ont hésité à se couvrir la tête (comment s’habiller pour dialoguer ensemble ?).     

 « Ennour », la lumière, venait du ciel à travers une vaste coupole de verre, et avec elle peut-être aussi quelque chose de l’esprit des Lumières, celui au nom duquel le combat pour la laïcité a été conduit contre le pouvoir de l’Église catholique (qu’est-ce que la lumière ? qu’est-ce que l’esprit ?). On a vu passer aussi le maire communiste de Gennevilliers et Mustapha Cherif, auteur de « Un musulman chez le pape »…

Cette rencontre est une première. Rappelons que la mosquée Ennour a  été inaugurée le 10 octobre dernier. Les premiers contacts avec la mairie de Gennevilliers  ont été pris en  1995. En six années, 1.700.000 euros avaient été collectés : plus de 80% provenaient de dons d’habitants de Gennevilliers. Toutes les offres de financement venues de l’étranger ont été repoussées. La mosquée peut accueillir 3000 personnes sur un public potentiel de 5000 musulmans vivant à Gennevilliers et dans les environs. Le quartier change de physionomie : les musulmans pratiquants sortent des caves et des garages, les femmes sortent de chez elles pour venir à la mosquée et suivre les prières depuis le premier étage circulaire. C’est « bien » qu’elles sortent, mais beaucoup sont « voilées » et cela dérange. Comment vivre ensemble ? La mosquée Ennour a été construite sur les terrains occupés à Gennevilliers et à Asnières, par les usines Chausson (voir notre dernier éditorial suite à la rencontre du 13 mars et le livre de Bernard Massèra et Daniel Grason : Chausson : une dignité ouvrière, éd. Syllepse, 2004). C’est un « lieu de mémoire » où s’est tissé aussi, entre Français et Étrangers, un véritable « vivre ensemble ». Aujourd’hui certains des enfants et des petits-enfants de ces travailleurs immigrés viennent prier à la mosquée Ennour.

Il a fallu plus de six années pour collecter l’argent nécessaire à la construction, mais il a fallu aussi plus d’une année pour fédérer les différentes tendances qui distinguent les musulmans de Gennevilliers, en partie à cause des différentes origines nationales : algérienne, marocaine, sub-saharienne. Cependant, quand Mohammed Benali, le responsable de la mosquée, dit : « mon pays », c’est de la France dont il parle. Il ne cache pas que si les négociations avec la municipalité, le Conseil général ou la Préfecture se sont bien passées, il y a eu quelques conflits avec certaines associations musulmanes. Mais il veut garder les portes de la mosquée ouvertes à toutes les tendances pour éviter le rejet et l’isolement de telle ou telle d’entre elles. Pour lui, la laïcité qui garantit la liberté religieuse est une chance pour l’islam. Son souhait est que l’islam soit un instrument d’ouverture sur les autres cultures . « Cette mosquée peut faire grandir la citoyenneté et le respect des valeurs de la république», dit-il.                               

                                                                                                                                                       Suite au verso…/...

                                                                                                                                

Zone de Texte: 94/1/6
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