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Éditorial |
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IMMIGRATION
On en parle davantage en période électorale mais l’actualité courante nous y ramène sans cesse : naufrages de barques surchargées de migrants en Méditerranée, immigration légale, choisie, clandestine, polémiques sur les chiffres ... C’est un sujet de discorde politique. Sur cette toile de fond, la vocation de Villes Univers est, beaucoup plus simplement, que nous ne restions pas étrangers aux étrangers de nos quartiers , immigrés de première, deuxième, troisième génération, dont certains restent des naufragés de la vie …. À Villes Univers nous accueillons des personnes, chacune avec son histoire très particulière, pour des raisons bien précises : aide à des démarches administratives pour des questions de travail, de logement, de santé ou d’état-civil. Mais l’histoire de chacun rencontre la grande Histoire, celle des migrations à travers les siècles et à travers les pays. C’est cette mise en perspective, ce recul que nous avons choisi d’explorer en organisant une sortie au Musée de l’Histoire de l’Immigration à Paris, Porte dorée, dont il est rendu compte dans ce Bulletin. De façon très significative, ce musée, ouvert en 2007, a été installé dans le Palais des Colonies ouvert pour l’exposition coloniale de 1931. Sur des bas-reliefs et de grandes fresques murales y est encore exalté ce que la France se vante d’avoir apporté au monde entier : science , technique, santé…Sont mises en scène des allégories : l’Afrique, l’Amérique, l’Asie…, le savant, le médecin, le missionnaire… Au troisième étage du même bâtiment, le Musée de l’Histoire de l’Immigration rassemble les histoires personnelles de ceux que la faim, la guerre, les déportations, ont poussés à venir en France et souligne ce que chacun, du plus humble au plus célèbre , a apporté à la France : sa force de travail (les colonisés recrutés pour faire la guerre ou reconstruire la France après les guerres), son savoir (Marie Sklodowska, épouse Curie), son talent sportif ou artistique... Une nouvelle « Galerie des dons » a été ouverte le 1er avril dernier où le visiteur est invité à confier objets, images, documents, traces de son histoire personnelle : François Cavanna y a déposé la truelle de maçon de son père italien, un Malien gréviste sa carte syndicale. L’apport des étrangers est également recensé dans Le Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France coordonné par l’historien Pascal Ory (Robert Laffont, collection « Bouquins », 2013, 965 pages): avec ses 12.000 notices individuelles, ses 20 notices collectives (architectes, Compagnons de la Libération…). Apollinaire y voisine avec Picasso, Gainsbourg, Gambetta, Zola, Christine Ockrent, Yves Montand, Georges Charpak… impossible de les citer tous ici ! Le site du Musée (www.histoire-immigration) est extrêmement riche. Il met en valeur les principaux centres d’intérêt et, sans remplacer la visite, est très utile pour la préparer. Outre une documentation sur le Palais des colonies, on peut y regarder le film « Deux siècles d’histoire de l’immigration en France », divisé en 6 périodes allant de 1820 à 2005, mais aussi un petit film de 3 minutes sur la Galerie des dons. On y retrouve aussi les grandes cartes des migrations depuis le dix-neuvième siècle. Le détour par la grande histoire des migrations est donc très instructif, car souvent la polémique et la violence se nourrissent de l’ignorance, mais son intérêt vient aussi de ce qu’il aide chacun à libérer sa parole et à écouter celle des autres. Français ou Étranger chacun s’interroge alors sur ses racines et ses migrations. Jean Verrier |
