Zone de Texte: LES CENTRES DE RÉTENTION
Zone de Texte: 90/1/4
Zone de Texte: Un Centre de rétention administrative est ce lieu où certains des étrangers que nous accueillons risquent de se retrouver un jour. Peut-être même d’autres en ont-ils été 
« libérés » (pour le moment au maximum au bout de 32 jours, en moyenne de 10 à 12 jours). Car il arrive que nous découvrions, au fil des rendez-vous pris pour un problème de logement, ou de santé, que celui-ci est sous le coup d’une mesure de Reconduite Administrative, ou que la carte de séjour de celui-là est périmée depuis peu de temps : il suffit alors d’un simple contrôle d’identité (il y en a aux sorties de la ligne 13 du métro) pour qu’il se retrouve dans un centre de rétention. On cite le cas de ce travailleur algérien travaillant en France depuis de nombreuses années qui ne comprenait pas du tout pourquoi il se trouvait soudain enfermé parce qu’il avait négligé à quelques jours près de régulariser sa situation administrative. Ces cas sont rares, mais ils existent et connaître les conditions qui sont faites ou risquent d’être faites à certains des étrangers qui viennent demander l’aide de Villes Univers ne peut nous laisser indifférents. C’est pourquoi nous avions invité Jérôme Martinez, responsable de la CIMADE pour l’Ile de France, et Jean Haffner, responsable du département Étrangers en France au Secours catholique, àvenir animer à Asnières le samedi 7 mars une de nos rencontres-débats.

 À première vue, l’exposition de photographies prises en France par la CIMADE, seule organisation (du moins jusqu’à ce jour) autorisée à entrer dans les Centres, ne présentait rien de franchement traumatisant, à part, bien sûr, ce groupe d’étrangers, de dos, menottes aux poignets, cette vitre brisée,ces murs couronnés de barbelés . Les conditions de rétention se sont améliorées, nous dit-on, mais il reste que des hommes, des femmes, des enfants, sont privés de liberté, sans qu’ils comprennent toujours pourquoi. Ils sont là dans l’attente de la vérification de leur identité, puis de l’obtention, de la part de leur pays d’origine, d’un accord de retour au pays. Mais tous les pays ne l’accordent pas. Le Mali par exemple (nous accueillons beaucoup de Maliens à Villes Univers) qui reçoit deux fois plus d’argent par les envois de leurs ressortissants qui travaillent en France qu’il n’en reçoit par l’aide au développement, a refusé de signer la convention avec la France pour le retour des expulsés que d’autres pays africains ont signée. Il arrive donc que des étrangers soient libérés des Centres de rétention, mais ils restent en situation irrégulière et risquent d’y retourner, ce qui se produit pour certains à plusieurs reprises. Il faut avoir pénétré dans ces Centres pour savoir ce qu’il en est de cette attente, de cette inquiétude, de cette peur, de ce sentiment que ces personnes peuvent éprouver d’être punies sans qu’elles sachent de quoi. C’est pourquoi le témoignage de Jérôme Martinez nous a beaucoup touchés. Et quand on apprend qu’une directive européenne, pour unifier le sort fait aux étrangers en situation irrégulière dans l’Union européenne, 
Zone de Texte: et éviter les excès ( !) a porté le maximum de la durée de la rétention à dix-huit mois, on peut légitimement se demander si une volonté de punir, d’exercer une violence morale pour pousser à accepter le retour et décourager les nouveaux migrants, n’est pas avérée. 

Les intervenants nous ont fourni beaucoup de chiffres, de statistiques, mais on peut les retrouver à de nombreuses sources, par exemple sur le site de la CIMADE (où l’on trouve des cas récents d’étrangers envoyés dans les Centres) et sur celui du Secours catholique. La CIMADE a publié son Rapport 2007 sur les Centres et les locaux de rétention administrative. Et le Secours catholique dans sa revue Messages n°633, de mars 2009, donne la parole au président de la CIMADE , Patrick Peugeot, qui constate que « le climat se dégrade continuellement dans les Centres ». On lira dans ce même numéro un reportage sur la situation catastrophique de Calais. 

Il est une autre façon de se sensibiliser à la question . Ainsi nous avons projeté en début de séance les premières scènes du film du Théâtre du Soleil dirigé par Ariane Mnouchkine : Le Dernier Caravansérail , film construit à partir d’entretiens avec de nombreux réfugiés du Centre d’hébergement et d’accueil d’urgence humanitaire de la Croix-rouge française de Sangatte fermé depuis 2002, et qui retrace l‘odyssée de plusieurs d’entre eux depuis 
l’Afghanistan, l’Irak ou l’Afrique du nord, en une cinquantaine de scènes d’une très grande force de suggestion . On peut se procurer les 2 DVD de ce film et son livret d’accompagnement aux éditions CNDP, Bel Air Classiques, Arte vidéo. Aujourd’hui, sept années après la fermeture de Sangatte, des centaines de migrants cherchent toujours à passer clandestinement en Angleterre. C’est aussi l’histoire de l’un d’entre eux, un jeune kurde qui s’est enfui d’Irak que raconte Philippe Lioret dans son très beau film Welcome tourné sur les lieux mêmes. Après la projection de ce film, une des membres de l’association de bénévoles Salam déclare : « Au moins, plus personne ne pourra dire qu’on ne savait pas ce qui se passe ici. ». 


Jean VERRIER	Avril 2009
Zone de Texte: Français, étrangers, ne restons pas étrangers les uns aux autres
Zone de Texte: Conseil d’Administration : 
Président :Roger HOUETO; Vice Pdt : P. KWENKIRI
Secrétaires : Philippe LALANDRE et Claude NAUDET ,
Trésoriers : Jean BOESPFLUG et Alfred FERARES 
Saad ABSSI, Awa BAKARI, J.P. BERARD de
MALAVAS, Etienne BOESPFLUG, Monique GROUES, André MASONI, Domenico MARCHELLI, Francis NAUDE , Odile POINCEAU, Iria VAZ, Jean VERRIER.